Initiation à la linogravure

Le 9 avril 2017, j’ai suivi un petit stage organisé par le musée national de l’Éducation situé à Rouen : une belle occasion pour moi d’expérimenter cette  technique ainsi que de redécouvrir la rue Eau de Robec et son histoire.

Musée national de l'Éducation, Munaé,Rouen
Musée national de l’Éducation

« En s’inspirant des vues pittoresques de Rouen à la fin du XIXe siècle, les participants étaient invités à réaliser une linogravure sur le thème du paysage urbain de la rue Eau-de-Robec.« 

C’est Johanna Daniel qui anima avec brio le cours de travaux pratiques !

La linogravure est une technique de gravure en taille d’épargne (technique consistant à enlever les blancs ou « réserves » du résultat final, l’encre se posant sur les parties non retirées, donc en relief, le papier pressé sur la plaque conservant l’empreinte de l’encre), proche de la gravure sur bois, et se pratique sur un matériau particulier, le linoléum. source

 Cette technique est très gratifiante car comme dit Johanna : « le résultat ne peut  jamais être vraiment raté  » 🙂
Il ne s’agit pas de reproduire fidèlement le modèle mais de le simplifier et de l’interpréter : la plus grosse difficulté est de se souvenir de ce que l’on veut garder et de ce qui sera en « blanc » donc ôté. On peut s’aider en remplissant au marqueur les parties à conserver pour éviter les erreurs : il y a toujours la possibilité  de « rajouter des creux » mais… pas de les reboucher 😀

Il faut avancer prudemment car  le maniement des gouges peut surprendre au début –>attention les doigts !!!
Pour obtenir une impression à l’endroit, le modèle est reporté en miroir. Et bien sûr, il en va de même pour toutes les inscriptions qui doivent être gravées à l’envers. Le report du dessin est fait soit au papier carbone soit à l’aide d’un calque ou même directement sur la plaque de linoléum.

linogravure
À gauche le modèle original , à droite la plaque de lino (format A5) gravée avec motif inversé

On peut faire des « impressions test » sur un papier très fin pour voir le rendu (et éventuellement faire des modifications, juger de la répartition des masses Noir/Blanc par exemple) avant l’impression finale . Ci-dessous, la partie noire de droite était trop importante ainsi que  la partie gauche du bâtiment…À noter : on peut aussi utiliser une encre de couleur seule ou en combinant plusieurs.  Si le médium est à l’eau comme c’était le cas ici, la plaque se rince facilement entre deux impressions manuelles ou mécaniques (à la presse).

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Impression test

 

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Estampe finale

Mathilde Arnault dite Tanxxx (dessinatrice et illustratrice) nous explique plus en détail le procédé et les fournitures nécessaires dans ce petit livret gratuitement mis en ligne ici.

La matinée avait commencé par une visite commentée du quartier avec Guillaume Gohon, guide-conférencier professionnel intervenant notamment pour Villes et Pays d’Art et d’Histoire au sein des structures publiques et privées du territoire. Au programme, un peu d’histoire de l’art au travers de l’architecture, vie du quartier au Moyen Âge et les évolutions dans le temps…

Le Robec ne coule plus aujourd’hui dans la rue piétonne mais il a été remplacé par un petit cours d’eau en circuit fermé gardant ainsi tout le charme du lieu 🙂

Au Moyen Âge, c’était la rue des drapiers/teinturiers dont les activités étaient très réglementées en fonction des autres « utilisateurs »(bouchers par ex.) en aval de la rivière : on définissait les jours et heures des teintures et des rinçages des draps de laine ou de coton  en fonction des couleurs –>pas question de rincer les étoffes rouges le « jour du bleu » sous peine d’obtenir un fini violet !! 

L’atmosphère de la rue était saturée d’odeurs nauséabondes dont celle de  l’urine (entre autres!) qui était « stockée » pour servir de détergent …

 » La rivière, qui fait de ce quartier comme une ignoble petite Venise, coulait en bas, sous lui, jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leur bras sur l’eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton, séchaient à l’air. » Flaubert dans Madame Bovary

Pour aller plus loin  à propos des Maisons à colombages
Le grenier-étente

Voir quelques linogravures de Picasso ou de Matisse
et aussi le travail de cette artiste contemporaine : Géraldine Theurot