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Préparation traditionnelle d’un support bois à peindre

Un ponçage léger d’une planche de contreplaqué de très bonne qualité : l’épaisseur peut aller de 10 mm à 18 mm voire + selon le format choisi et la « destination »…
Passage de 2 ou 3 couches de colle de peau liquéfiée au bain-Marie sur les 2 faces du support (équilibrage les tensions pour éviter la déformation du bois ).

Selon le cas l’enduit peut se faire au plâtre amorphe –>gesso : attention pour ce choix, « l’enduit destiné à recevoir une peinture à l’huile, on doit poser une couche isolante de colle de peau pour éviter tout contact de l’huile avec le plâtre alcalin…« source
–> imprégnation

Pour info :
*Le gypse est un sulfate de calcium.
*La craie (blanc de Meudon par exemple ) est un carbonate de calcium
*La préparation des supports d’après Cennini (traduction)

Le blanc d’Espagne est une argile pure préparée avec soin et employée dans la confection des peintures et mastics. Il ne faut pas le confondre avec le blanc de craie lavée, craie que l’on vendait en cylindre sous le nom de blanc d’Espagne.
Le blanc de Moudon, ou blanc de Morat, est un vrai blanc d’Espagne qui se tire près des villes de Moudon et de Morat dans le Canton de Vaud en Suisse. Cette argile est pure, d’un blanc argentin, d’un grain très fin et doux au toucher. source

Enduit au blanc de Meudon

Le mélange est composé de 50% de colle de peau de lapin et 50% de Blanc de Meudon.
Ci-dessous: 100grs de gelée (prélevée dans le gros pot!)et 100grs de charge.
J’incorpore le blanc de Meudon, progressivement en attendant que la poudre soit tombée au fond avant d’introduire la dosette suivante ; je ne mélange pas et laisse s’imbiber dans la colle de peau chaude. Ce n’est qu’à la fin que je remue très doucement avec une spatule en bois jusqu’à l’homogénéité du mélange (une belle pâte à crêpe!)

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Je passe immédiatement à travers un bas nylon ce qui élimine les éventuelles impuretés.
Je laisse refroidir avant de réchauffer pour la première utilisation : je n’ai jamais eu de bulles en procédant ainsi …

J’utilise un pinceau (spalter) en poils synthétiques très doux. Il faut que le geste soit assez rapide avant que l’enduit ne se fige –> éviter de revenir en arrière dès que la surface se matifie 😉

Pour des formats importants, il est plus pratique d’utiliser une spatule à enduire en plastique (dont j’arrondis les angles) ou encore un sabre (je n’ai pas encore essayé cet outil !)

edit : Une spatule coudée inox à pâtisserie peut faire le job !

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Ci-dessous les 8 premières étapes, je commence à poncer très légèrement à partir du 5 ou 6ème passage.

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Je préfère utiliser de petites quantités à la fois (quand c’est possible) pour ne pas chauffer trop longtemps le même mélange. Je sors aussi « du bain chaud » entre deux passages et je couvre pour limiter l’évaporation.

Pour info : 250 grs d’enduit me permettent de couvrir un format 45X50 pour 10 couches environ.(soit une surface totale d’un petit peu+ de 2m²)

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Papiers abrasifs utilisés dans différentes granulométries

Utilisation à sec

papier au carbure de silicium (feuille gris clair) que l’on trouve sous le nom de papier anti-encrassant ; on en trouve aussi chez Castorama…(attention la qualité n’est pas toujours la même selon le fabricant !)

– éponge abrasive –>ici

Utilisation à l’eau ou mixte

– papier abrasif à l’eau pour carrosserie ( dans un centre-auto, on trouve plus facilement du grain extra fin)

-et le top –> papier Wetordry 3M (ref: 401Q Imperial 2000) pour un fini vraiment impeccable !

Un lissage final peut aussi se faire à la ponce-soie.

Pour obtenir une surface parfaitement lisse et douce comme du marbre, je passe au moins 10 voire 12 et même 14 couches d’enduit comme ci-dessous (support destiné à la tempera et/ou à la dorure).

Dans les couches finales : une fois l’enduit bien sec, j’imbibe (modérément) d’eau froide une petite éponge synthétique  que je passe zone par zone que je lisse à la main en faisant des petits mouvements circulaires très doux pour uniformiser au maximum. Il faut arrêter le geste dès que cela « accroche »et passer sur la zone suivante.

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20 réflexions au sujet de « Préparation traditionnelle d’un support bois à peindre »

  1. Bonjour ,

    Vous utilisé quelle type de charge…? le gros appareil en blanc sert à quoi ..?
    Merci d’avance

    Bien cordialement

    1. Bonjour Henri,
      Comme indiqué plus haut, la charge utilisée ici est du blanc de Meudon .
      L’appareil est un chauffe-biberon qui me permet de maintenir la préparation au bain-Marie à une température relativement constante.
      Cordialement

  2. Bonjour,
    Est il possible de peindre directement après avoir passé deux couches de colle de peaux de lapin sur un support type contre plaqué, sans utiliser du blanc de Meudon ? Si oui, quel type de finition appliquer sur la dernière couche de colle peau, peut on l’a poncer légèrement afin de casser le grain de la colle avant de peindre ?
    Je vous remercie par avance.
    Lionel.

    1. Bonjour Lionel,
      En effet, l’enduction au blanc de Meudon n’est pas… obligatoire !

      Cependant je me dois d’attirer votre attention sur ceci :

      « Lorsqu’ils sont seulement encollés, les supports couramment utilisés par les peintres se prêtent souvent mal aux matières picturales : certains supports présentent un aspect trop irrégulier, d’autres malgré l’encollage, ont une porosité encore excessive,etc..D’une manière générale, on peut dire que seuls les panneaux de bois massifs peuvent être travaillés juste après l’encollage. »Pierre Garcia

      Sur une couche de colle de peau (riche en eau) la couche picturale à l’huile qui suivra, devra être posée si (et seulement si) l’encollage est parfaitement sec ! Le minimum généralement préconisé est de 5 jours.

      Il est tout-à-fait possible (et même recommandé) de poncer légèrement les couches de colle de peau.

      J’espère que ces informations vous seront utiles 🙂

  3. Bonjour,
    Tout d’abord merci pour la pertinence de votre blog.
    Pouvez vous me dire pourquoi arrondir les bords du support ? Est-ce indispensable?Je me « lance » dans la tempéra à l’oeuf.
    Merci d’avance pour vôtre réponse.

    1. Bonsoir Jean-François,
      Merci à vous pour ce joli compliment 🙂
      Non, ce n’est pas indispensable du tout:ici, c’était un choix esthétique de ma part.

    1. Cela dépend du taux d’humidité dans l’air mais « en gros », les 4 ou 5 premières couches peuvent être superposées avec un intervalle d’une à deux heures pour assurer une bonne liaison entres elles(demi-frais) Ensuite, je laisse sécher un peu +(3 ou 4 heures) pour pouvoir commencer à poncer sans risque…
      Je serais ravie d’avoir votre retour d’expérience à ce propos 🙂
      Cordialement

  4. Bonjour Smaragdine,
    Est-il recommandé de mettre une toile fine entre les couches de gesso pour éviter que le bois ne se déforme ? Si oui, qu’elle type de toile ?
    Je vous remercie par avance,
    Nathalie.

    1. Bonjour Nathalie,
      Tout d’abord je vous remercie de l’ intérêt que vous portez à mon blog 🙂

      1) La toile ne sera pas posée entre 2 couches de gesso mais marouflée (collée) à la colle de peau sur le bois (lui-même encollé recto-verso et sec avant le marouflage de la toile) selon un processus rigoureux mais assez simple. Ce n’est qu’ensuite après séchage complet que les couches de gesso seront appliquées.

      2) Quel type de toile ?
      Sans hésitation une toile de lin fine (mais pas extra-fine) au tissage régulier et sans nœud !
      Pour info : chez les Anciens (primitifs italiens par exemple), d’une part la surface du bois était plutôt grossière et d’autre part les planches étaient souvent assemblées pour former le support final : le marouflage d’une toile servait alors à égaliser et à masquer les joints.
      Si vous travaillez avec du contreplaqué de qualité, je ne vois aucune nécessité de maroufler une toile avant la pose du gesso 😉
      Cela répond-il à vos interrogations ?
      Cordialement Réjane

  5. Bonjour,
    Comment faire pour diminuer la porosité de l’enduit à la colle de peau avant de peindre à l’huile ?
    Merci beaucoup pour vos conseils.
    Anne

    1. Bonjour Anne,
      Deux solutions possibles :
      -soit modifier le rapport colle/charge en diminuant la proportion de charge : de 50 g (mais pas moins !)à 90g pour 100g de colle.
      –> attention toutefois car sur une préparation très peu poreuse la couche picturale accrochera mal, le ponçage sera plus difficile et le risque de retrait de la colle de peau est plus important favorisant des craquelures…
      – soit faire une imprégnation avant de peindre à l’huile.
      Bravo à vous pour votre travail, c’est superbe !
      Bien cordialement 🙂

      1. Chère Réjane,
        Comme tu l’indiques toi-même au début de cet article, troisième solution, passer sur l’enduit un encollage assez léger (7g pour 100ml d’eau)
        Bravo pour ton site, source inépuisable d’informations !

        1. Coucou Catherine,
          Ne serait-ce pas « ma » solution 2 en quelque sorte (imprégnation à la colle de peau) ?
          Merci pour ton compliment qui me touche beaucoup 😉

  6. Bonjour,
    J’aimerai savoir où se procurer une planche de contreplaqué qui soit à la fois légère et de bonne qualité. Est-ce que celles que l’on trouve dans les magasins Castorama ou autres font l’affaire ? J’ai également vu qu’à Leroy Merlin, on trouve des plaques en bois de peuplier. Savez-vous si elles sont fiables ? Cordialement, Maryline

    1. Bonjour Maryline,
      J’utilise du Contreplaqué Okoumé EXTERIEUR CTB-X en 3 ou 5 plis. Pour des petits et moyens formats (jusqu’à 65×50 par ex.) je prends une épaisseur de 12mm, et au-delà une épaisseur 15 à 19mm.
      Pour alléger les grands formats vous pouvez utiliser du contreplaqué de 4ou 5mm que vous collerez à la colle à bois sur un châssis nu : certains ajoutent des clous mais je ne le fais pas (rouille) et ça fonctionne tout de même très bien 🙂
      Oui, on en trouve dans les magasins de bricolage comme ceux que vous indiquez. Veillez toutefois à la finition : bien poncé,les nœuds trop importants et les défauts sont à éviter.
      Personnellement,je n’ai jamais utilisé de peuplier, je ne peux donc pas me prononcer…(le résineux comme l’épicea est à proscrire)
      J’espère que mon aide vous sera utile.
      Bien cordialement Réjane

      1. Merci pour cette réponse très rapide. J’ai l’habitude de commencer mes tableaux sur toile avec de la peinture acrylique et de les terminer avec la peinture à l’huile. Dans ce cas, le support en contreplaqué nécessite-t-il d’être traité à la colle de peau ou le gesso suffit-il ? Cordialement, Maryline

        1. Le panneau de bois doit être encollé et sur ses deux faces.
          Vous pouvez très bien passer deux couches fines de liant acrylique de type Bindex que vous diluerez avec un peu d’eau (bien faire pénétrer la première dans les pores du bois, la deuxième sera lissée): une fois bien sec, vous passez votre gesso acrylique …mais on n’est plus dans la préparation des anciens là !!

          1. Non, c’est vrai mais je souhaite toutefois effectuer un travail de qualité, quelle que soit la méthode . Je ne savais pas à quoi m’en tenir avec le contreplaqué. Je suis ravie d’être tombée sur votre blog. Merci pour vos bons conseils.

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