Encollage à la colle de peau d’une toile brute

Une fois la toile de lin montée sur son châssis et parfaitement tendue, la méthode d’encollage à la colle de peau se fait traditionnellement à chaud au spalter (ou mieux au sabre à enduire) et à plat. Une spatule coudée inox à pâtisserie peut faire le job !

Pour un encollage régulier, il est conseillé de pratiquer l’application par zones carrées successives –> procédé de recouvrement dit « en damiers ».

Le geste doit être rapide, la couche fine et  il est préconisé d’éviter à tout prix (dixit Pierre Garcia ) que la colle ne passe de l’autre côté pour des questions d’irrégularité de tensions. Autant dire que c’ est quasi « mission impossible »… en tout cas, pour moi !!

Aussi, j’ai donc décidé de tester l’idée, un peu saugrenue voire contestable, selon laquelle il était possible d’étaler la colle sous sa forme gélifiée à température ambiante et en utilisant la chaleur des mains pour lisser…

Pour commencer, j’utilise une petite spatule en plastique pour étaler le plus régulièrement possible la colle de peau. Je procède  par petites zones successives  afin de garnir toute la surface puis je lisse très doucement l’ensemble avec la main bien à plat : dès le premier passage et après séchage, la toile est restée parfaitement tendue et je constate un petit scintillement régulier sur toute la surface qui (toujours d’après P.Garcia) montre que l’encollage a été correctement exécuté 🙂 🙂

Après séchage, je passe un très léger coup de papier de verre fin  pour coucher les fibres et je fais deux autres applications de colle de peau .

Le résultat final est très satisfaisant : très peu de colle a traversé la toile si ce n’est près des montants du châssis où j’avais d’ailleurs pris la précaution de glisser un morceau de rhodoïd pour éviter la prise de la toile sur le bois. L’ impression grasse suivra  plus tard …

PS : j’ai aussi passé de la colle de peau sur les bords.

edit : ci-dessous extraits retrouvés dans mes notes 🙂

Technique de la peinture de Jean Rudel

« Il est nécessaire de réduire la porosité de la toile et de protéger ses fibres. Une toile préparée doit, à contre-jour, ne présenter aucun point de passage de la lumière, car ceux-ci sont autant de zones de faiblesse, véritables foyers possibles d’infection.

/…La proportion colle-eau varie selon que l’on désire une colle plus ou moins forte -ce qui dépend de la texture plus ou moins lâche de la toile. Pour un tissage serré, on peut prendre 1 partie de colle pour 7 à 8 d’eau, au poids. Quelques gouttes de glycérine et d’ammoniaque* doivent toujours être ajoutées pendant la fusion. Sur la toile tendue et bien nettoyée, on passe la colle en demi-gelée presque tiède. Bien écraser avec une spatule en bois ou avec la paume de la main pour bien boucher les orifices possibles. On racle l’excès de colle très soigneusement et l’on passe une couche légère d’acétate d’alumine étendu d’eau (1 pour 10), pour rendre cet enduit hydrofuge. De même au verso de la toile que l’on a aussi raclée au préalable. On peut même badigeonner ce côté très légèrement de colle tiède avant cette opération. Puis on laisse sécher à l’ombre, loin de toute chaleur.

On prendra, autant que possible, les précautions déjà indiquées pour éviter l’accumulation de la colle entre la toile et la face interne des lattes du châssis. »

*ammoniaque (ou acide salicylique) contre la putréfaction et glycérine pour la souplesse