[…] Les comportements collectifs célébrant la fête de la Nativité ont en effet privilégié, depuis des siècles, trois animaux spécifiques, à savoir le cochon, composante majeure de toutes les ripailles, le cochon avec lequel les hommes ont entretenu de très longue date des relations extrêmement ambivalentes, et aussi, l’oie, et surtout, plus récemment, la dinde, qui a envahi les tables aristocratiques en France, en provenance de l’Amérique, dès le XVIe siècle.
Mais auparavant nous allons braquer notre attention sur la crèche et sur deux animaux de statut bien plus marquant, du plus sacré jusqu’au plus féérique, entendez l’âne et le bœuf. Pour découvrir, vous allez le voir, que leur place autour du berceau divin a grandement varié, en présence et en portée, de siècle en siècle, et que ces évolutions renseignent sur les mutations de la foi, telle que celle-ci peut s’exprimer dans la profondeur des adhésions populaires à un christianisme en mouvement.
Nul mieux que le grand historien des couleurs, des animaux et des symboliques, qu’est Michel Pastoureau, que j’ai souvent convié à ce micro, ne pouvait nous conduire sur les chemins de ces interprétations multiformes.