papier préparé, pointe d'argent, techniques anciennes

Papier préparé pour pointes de métal

Pour dessiner à la pointe de métal (argent, or, cuivre, étain, etc..) il est nécessaire d’apprêter le papier avec un enduit légèrement abrasif : cela va permettre de retenir les fines particules de métal.

Je choisis un papier aquarelle « grain satiné » d’un grammage de 300gr minimum que je monte sur châssis (ou sur un morceau de contreplaqué pour les petits formats) en suivant le même processus qu’ici .

Deux possibilités :  un enduit traditionnel  ou un enduit acrylique.

 Le premier,  se compose de colle de peau de lapin, de cendre d’os, de blanc de lithopone et éventuellement de pigments pour teinter le mélange : j’ai adapté à ma convenance avec des matériaux proches de la technique des anciens.

Edit du 07/10/19
Ne pas confondre la cendre d’os  résultant de la combustion des os d’animaux avec :
– la poudre d’os qui est un engrais (des os broyés)
– la colle d’os (gélatine) qui est une colle utilisée pour le travail du bois !

Dans son traité des arts « Il libro dell’ arte », Cennini donne cette « recette » dont voici une des nombreuses traductions  :

cenn-1

cenn-2

Voici mes proportions  :

 

1 volume de colle de peau préparée (30ml)
1 volume d’eau (30ml)
1/2 volume (soit ici 15ml)de cendre d’os
1/2 volume de blanc de lithopone
pigments en poudre selon les besoins (on peut aussi teinter avec de l’aquarelle en tubes de très bonne qualité)

Faire fondre la colle + l’eau au bain-marie
Incorporer la cendre et le lithopone par petites quantités (de la même façon que pour le blanc de Meudon ici) puis remuer et filtrer aussitôt.

Teinter (ou pas) la mixture : pour une bonne uniformité,  il est prudent de bien mélanger la couleur à  part avec une petite quantité du mélange avant de remettre le tout dans le pot…sous peine de voir apparaître des traînées à l’application finale 🙁
On peut aussi  ajouter les pigments en poudre en même temps que la cendre d’os (comme pour le blanc de lithopone).

J’applique 2 ou 3 couches très fines et croisées .
Ponçage très léger pour ôter les petites aspérités résiduelles : le support est prêt.

–> pour aller plus loin : « Historiographie des matériaux et instruments du dessin à la Renaissance : de Joseph Meder à Annamaria Petrioli Tofani » un mémoire  de Sophie Larochelle dont je recommande la lecture…

Le second est facile d’emploi et donne de bons résultats. Il n’a cependant pas ma préférence mais c’est un avis très personnel 😉

On peut le trouver ici ou.
Remarque importante :  à réception du produit, on peut constater un fort dépôt collant ressemblant à du chewing-gum au fond du flacon. Il  faut  impérativement le mélanger de façon homogène au reste du liquide  : le secouer (même vigoureusement !!) ne suffit pas. J’ai dû introduire un bâtonnet et remuer délicatement  ce qui a libéré une petite bille (comme dans les flacons de vernis à ongles) …puis je l’ai agité un peu tous les jours jusqu’à ce que tout le dépôt ait disparu –> le produit est redevenu parfaitement « opérationnel ».
Pour info : n’ayant utilisé qu’une petite quantité pour faire mes essais, je continue d’agiter le flacon de temps à autre  pour empêcher une nouvelle formation du dépôt et je le stocke en position couchée…

Je l’applique en 2 couches fines et uniformes (sans les bulles!) avec un spalter en poils synthétiques doux.
Autre méthode d’application à voir  ici.

Le dessin à la pointe d’argent : ce médium est impossible à effacer totalement ; on peut à la rigueur poncer doucement une erreur et/ou utiliser la gomme mie de pain mais le résultat reste assez limité. Aussi pour cette première expérience j’ai préféré suivre le sage conseil donné aux débutants par Cennini en reportant les lignes directrices au fusain pour me guider …

Étude de main
Le grelot

cenn